Que du bonheur
On attaque la dernière partie du voyage qui doit nous mener dans moins de trois semaines à Halifax terme de cette aventure de pratiquement 3 ans. On commence par visiter l'île d'Orléans située dans l'estuaire du Saint- Laurent à quelques encablures de Québec. Est ce le temps tristounet mais cette île ne nous a pas laissé un souvenir impérissable. Dédiée au tourisme (avant tout pour les habitants de Québec) et à l'agriculture sous toutes ces formes, on y pratique même la pomoculture dont je vous laisse deviner la signification, elle est parsemée de petits villages bien léchés portants les noms de tous les saints du paradis.
Nous quittons cette île pour la rive nord de l'estuaire du St-Laurent que nous traversons en Ferry pour gagner la Gaspésie, cette immense péninsule pénétrant dans le golfe du saint-Laurent.
Nous allons en faire le tour durant 3 jours à nous régaler d'une part de la beauté des paysages, des arbres qui commencent vraiment à se parer de leurs couleurs d'automne (mais pas encore tout à fait) du beau temps revenu et de la gentillesse des habitants qui de plus parlent français, enfin français du genre :
"Tu me passes ton cell, je dois côller ma blonde pour lui jaser de gaser le char"
La route nous emmène ensuite en Acadie et son particularisme. Terre « française » dans le Nord est du New Brunschwick, les habitants ont a cœur de montrer leur appartenance à leur communauté. Certains le font de façon modérée, d'autres par contre n'hésitent pas à annoncer la couleur. Le drapeau est celui de la France agrémenté d'une étoile jaune représentant la vierge Marie, patronne des acadiens.
Vous conter ici l'histoire des acadiens serait bien trop long et compliqué, de plus j'en serais bien incapable mais pour faire bref l'Acadie a d'abord été, après les amérindiens bien sûr, peuplée par des immigrants français. Aux alentours des années1750, après une Xième défaite des armées françaises contre les anglais, les habitants qui avaient refusés de prêter allégeance à la couronne anglaise ont été déportés un peu partout, du Maine jusqu'en Europe pour permettre aux émigrants anglo-saxons de leur prendre leurs terres. Les Anglais ont poussé le cynisme jusqu'à séparer les familles. Des milliers sont morts lors de ces déportations si bien que certains n'hésite pas à parler de génocide.
C'est une terre de cultures, de landes et bien sûr de pêcheurs, principalement à Shipagan, capitale du crabe des neiges.
A shipagan nous avons été surpris de voir tous ces bateaux de pêches en cale sèche. Le patron d'un resto nous a expliqué que la période de pêche, pour des raisons de quotas, dure au maximum de 2 à 3 mois et que les marins gagnent bien leur vie comme cela. Bon on veut bien le croire.
Nous mettons le cap ensuite plus à l'est en Nouvelle Ecosse pour nous diriger vers le cape Breton une île magnifique et sauvage à souhait où là aussi, et principalement sur la côte ouest, des acadiens sont présents et le montrent. Une grande partie de l'île est occupée par le Parc national « Cape Breton Highlands » Nous y avons effectué une belle ballade sur la « skyline » un trail sur un promontoire dominant la mer. J'y ai aussi souffert sur ma nouvelle bicyclette car les routes ne sont pas particulièrement plate.
J'aime beaucoup la simplicité des cimetières nord américain
là aussi on marque son appartenance
La route nous emmène ensuite à l'ouest de la nouvelle Ecosse, dans les Maritimes, plus particulièrement à Digby, sa presqu'île (Digbyneck) et ses îles qui la prolonge. Malheureusement le temps s'est mis au pas beau du tout, chute des températures, pluie et vent. Les campings commencent à être fermés, il est vraiment temps de rentrer.
Lors de la longue journée de trajet nous y ayant mené, nous avons quand même pu prendre quelques photos de ces arbres de toutes les couleurs, le temps étant encore passable, mais cela n'est pas encore la perfection. Partout ou nous allons on nous dit que c'est encore un peu tôt. Mais avec le temps qu'il fait je suis sûr que dans quelques jours ce sera trop tard.
En revenant de Digby à travers les Maritimes pour aller vers Halifax, le temps de pas beau du tout a passé à plus que franchement mauvais.
Malgré cela nous avons fait une traversée sublime dans les forêts de toutes les couleurs, en passant en revue toutes les nuances des jaunes, roses, orange et rouges. De plus la côte atlantique est superbe. Je n'ose même pas imaginer les mêmes paysages avec le soleil.
Le beau temps revenu nous permet de profiter du charme de Peggy's Cove le village de pêcheur le plus visité du Canada. Situé dans une anse rocheuse au milieu des bruyères rougissantes c'est vrai que ce village est superbe. Nous avions l'illusion en y allant un mardi juste après le Thanks Giving canadien que nous y serions pratiquement seul, tu parles Charles, des bus de touristes par dizaines et l'endroit envahi. Ça reste quand même très beau.
Et voilà j'écris ce dernier article depuis Halifax ou nous venons d'arriver. Nous venons également d’apprendre que le bateau a 2 jours de retard, cela nous laissera plus de temps pour préparer le bus et visiter Halifax.
Nous sommes tous les deux un peu tristounet car cette arrivée à Halifax signifie la fin d'une belle aventure. Nous l'aurons vécu intensément durant près de trois ans et rentrons avec des souvenirs plein la tête et plus riches des nouveaux amis rencontrés. J'ai bien dit tristounet et pas triste car pendant que notre bus voguera vers l'Europe nous irons nous reposer du voyage à Sainte-Lucie dans les Caraibes.
Car comme je le dis souvent le voyage ce n'est pas des vacances, mais bizarre personne ne me crois....à part les voyageurs bien sûr